L’électrification frappe les portes de tous les fabricants automobiles, y compris ceux du segment des supercars. Ce n’est pas un scoop, le glas a sonné pour les moteurs thermiques, la législation impose l’interdiction de les vendre à partir de 2035... C'est sans doute dans ce contexte que McLaren a introduit sa première supercar hybride de grande série, l'Artura. Avec un moteur V6 associé à une unité électrique, ce bijou britannique pose des questions cruciales : peut-il conserver l'essence même de ce qui fait une McLaren tout en se pliant aux exigences envirronementales ? Ou finalement est-ce une opportunité pour concevoir un moteur encore plus sportif ? Pour le savoir, il n’y a qu’une solution, tester. Et je peux déjà vous avouer que c’était un moment privilégié.
Un cœur hybride dans un corps de fibre de carbone
Avant même de parler d’électrification, il y a un moment majeur à souligner. L'Artura signe un tournant dans l'histoire de McLaren en remplaçant son emblématique moteur V8 par un V6 bi-turbo de 3,0 litres et 585 chevaux. A ce moteur thermique vient se coupler un moteur électrique de 95 chevaux. Nous voici donc en présence d’une puissance combinée de 680 chevaux qui est envoyée aux roues arrière, ce qui permet un démarrage digne d’une supercar, aucun doute là-dessus. À cela s'ajoute une architecture entièrement renouvelée, notamment un châssis monocoque qui exploite quatre types de fibres de carbone avec un nouveau système de résine pour offrir rigidité et légèreté. Malgré les 88 kg ajoutés par la batterie, l'Artura parvient à maintenir un poids relativement bas, avec un total de 1498 kg, démontrant ainsi la prouesse d'ingénierie de McLaren. Les anglais savent trouver des solutions quand ils veulent.
Le cockpit, entre technologie et luxe
À l'intérieur, l'Artura se distingue par son compromis entre sportivité et confort. Les sièges baquets enveloppants donnent le ton, tandis que l'utilisation d'Alcantara et de carbone renforce la sensation de sportivité. J’aime beaucoup le résultat. L'ergonomie des commandes a été révisée, repositionnant les boutons liés à la conduite pour un accès plus intuitif. Et parlons de la révolution en matière d'info-divertissement : McLaren remplace enfin son système dépassé par un écran tactile de 8 pouces, incliné pour faciliter son utilisation. Un élément qui m’avait légèrement ennuyé lors de l’essai avec la McLaren GT, me voici donc ravie ! Non seulement le système est plus réactif, mais il prend également en charge Apple CarPlay et Android Auto. Cela peut paraître superficiel quand on parle d’une Supercar mais je trouve important pour ma part de bénéficier d’une technologie qui rende le voyage agréable. Je devais prendre la route pour me rendre au Zoute GP et cette autoroute offre un mixte monumental de radars tronçons, radars fixes, changements de limitations de vitesse sans oublier le charme des chantiers. Mais grâce à ce niveau de confort, le trajet peut s’effectuer plus sereinement même si ce n’est pas là un tracé digne d’un tel jouet. Mais il fallait bien y aller…
Du silence au rugissement, que d’émotions
Démarrer l'Artura ne provoque pas directement le même grondement brut que les autres modèles de la marque. Le bolide démarre dans un silence presque fantomatique, typique des véhicules électriques. Mais ne vous y trompez pas : ce silence peut être rompu à tout moment par l'activation du bloc thermique. Et je ne m’en suis pas privée, surtout lors de ce WE au Zoute où la majorité des personnes présentes le long des rues du centre étaient là pour ce genre de plaisir sonore. C’était donc un vrai bonheur que d’offrir ce spectacle : arriver sur la pointe des pieds et changer la motorisation pour libérer ce vrombissement si magique. Car si le silence est d’or, là sa musicalité est un vrai diamant, pure et étincelante, un régal pour les oreilles. Et les sourires des passants n’ont fait que prouver mon ressenti. Allez, fini de jouer, enfin, presque car ce V6 peut monter jusqu'à 8500 tr/min, offrant des frissons dignes d'une McLaren. La voiture peut faire le 0 à 100 km/h en seulement 3 secondes et atteindre une vitesse maximale de 330 km/h. Je n’ai pas eu la possibilité de vérifier tous ces paramètres mais je peux vous assurer qu’en terme de conduite, elle est tout aussi impressionnante que ses sœurs. L'Artura se conduit avec une facilité déconcertante, notamment grâce à une direction à assistance hydraulique éprouvée et un train avant très précis. Elle correspond pour moi à ce qu’on appelle « faire corps » avec sa voiture. Ce qui me convient très bien, n’étant pas une pilote professionnelle puisqu’elle combine sensations et confiance. Un plaisir auquel on ne saurait résister, c’est compliqué de se dire qu’on va devoir s’arrêter, l’envie de la conduire ne s’estompe pas.
L'Artura : un tournant électrisant pour McLaren
L'Artura est la preuve que McLaren est capable de s'adapter aux exigences actuelles sans sacrifier ce qui fait son essence. S’il y a un petit point qui m’a un peu ennuyée, il s’agit en fait de l’autonomie de la batterie qui pourrait être plus importante. Mais si l’exercice était bel et bien de marier thermique et électrique, le résultat est réussi, voire prometteur pour la suite. Et pour répondre à la question de l’introduction : non, l’électrification ne m’est pas apparue comme une véritable réponse écologique. Honnêtement, ce sont plutôt les frissons qui me guideraient vers ce choix de voiture. Mais il s'agit sans aucun doute d'un tournant significatif dans l'histoire de la marque et, peut-être, un signe des choses à venir dans le monde des supercars, comme l’a fait Ferrari avec sa 296. Ce qui est certain, c’est qu’avec l'Artura, McLaren ne se contente pas seulement de suivre les tendances; il les embellit.
Crédits photos: Pierre Fontignies
